Chapitre 39

— Éric, il s’agissait juste d’un type ordinaire, cette fois ! Ce n’est pas comme si j’avais été roulée par des vampires ou plongée au sein d’un complot !

Il plaça ses mains derrière son dos. La raison était simple : il voulait éviter de m’étrangler.

— D’où te vient cette aversion à attendre mon assistance ?

— Ce n’est pas de l’aversion. Tu n’es jamais là quand j’ai besoin de toi, c’est tout. Euh… Ça sonnait beaucoup mieux dans mon esprit. Je t’ai appelé, je te rappelle. Ce n’est pas ma faute si tu n’as pas répondu.

— J’étais libre vingt secondes plus tard ! T’était-il physiquement impossible d’attendre moins d’une demi-minute ?

— Pour tout te dire, j’aurais préféré, parce qu’en fait… commençai-je avant de fondre en larmes.

— Elizabeth ! Ne pleure pas ! (Il me prit dans ses bras.) Est-ce que j’ai crié ? Je ne m’excuserai pas de m’être inquiété pour toi. Laisse-moi clarifier les choses : je me faisais du souci. Je ne suis pas en colère.

— Ce n’est pas ça… C’est Laura ! Elle a tué l’assassin.

— Et… quel est le problème ?

— La façon dont elle l’a fait. Il ne nous a pas attaquées, ni rien. Il se tenait simplement devant nous. Il y avait toutes ces bûches au sous-sol parce qu’il a – avait – un poêle. Alors, elle s’est penchée pour en attraper une et elle l’a attaqué avec ! J’ai entendu un craquement, j’ai entendu son crâne se briser ! (Je tremblais comme une feuille.) Et son cerveau… Tu savais que les cerveaux étaient roses et blancs ? Pas la peine de répondre ! lui ordonnai-je entre deux sanglots. Tout a dégouliné. Puis… il est mort. Le pire, c’est qu’elle s’en moque éperdument ! Elle a juste dit qu’elle avait perdu son sang-froid.

— Je… je comprends ton inquiétude, répondit-il après avoir réfléchi un instant à la situation. Je dois admettre que… je me suis débarrassé de… d’un bon nombre de poids pour la société en mon temps. Toutefois, Laura semble…

— Passer du côté obscur de la force ?

— Quelque chose dans le genre, approuva-t-il. Cela dit, il reste indéniable qu’elle a sauvé des vies.

— C’est certain. Je suppose que ce demeuré des parkings n’attaquait que des blondes à cheveux courts car quand il était ado, cette fille appelée… Laisse tomber, c’est effrayant et stupide à la fois. Dire qu’il parcourait la ville en voiture en attendant que le type de filles qu’il cherchait soit au bon endroit au bon moment ! Comment est-ce qu’une chose pareille peut arriver dans un monde sensé ? Si ces femmes avaient rangé leurs courses dix minutes plus tard, elles seraient encore en vie.

— Laura et toi faites partie d’un monde sensé, fit-il remarquer. Vous faites respecter l’ordre.

— Je ne pense vraiment pas que nous devrions utiliser cette tactique pour lui en parler, tu sais. (Je reculai légèrement pour pouvoir le regarder dans les yeux.) Tu vois ? Je suis rentrée directement pour tout te raconter et on en parle comme des personnes responsables.

— Je t’ai suivie ici pour m’en assurer, me rappela-t-il.

— Voilà ce que font les couples : ils com-mu-ni-quent ! Retiens bien ce mot, Sinclair, et entraîne-toi à t’en servir.

— Je me repens de mes fautes. (Il n’avait pas l’air de souffrir sous le poids de la culpabilité.) Pour en revenir à ta sœur…

— Je ne sais pas quoi faire. Est-ce que je peux vraiment lui dire que tuer, c’est mal ? Bien sûr que c’est mal. Tout le monde le sait. Elle y comprise. Mais ça ferait de nous les plus gros hypocrites du monde. Et puis, ce n’est pas comme si elle avait tué un gentil petit scout. Elle a rendu service à la société. Qu’est-ce qu’on peut lui dire, dans ces conditions ?

— Que tu la surveilles, répondit-il doucement. On va tous la surveiller.

— Je crois que je préfère la tactique du « on sera là pour toi », pour le coup.

— Comme tu voudras. Maintenant, viens ici, chérie. Assieds-toi. (Il commença à me masser les épaules et je m’assis sur le lit.) Tu as eu une semaine difficile, n’est-ce pas ?

— Elle est passée au rang de pire semaine de ma vie, gémis-je.

— Eh bien, comme nous avons décidé de tout nous dire, il faut que je t’avoue quelque chose.

Soupirant, je posai la tête contre son épaule.

— Qui est mort ?

— Le Star Tribune a découvert l’existence de ta rubrique « Chère Betsy ».

— Quoi ? m’exclamai-je en relevant la tête. Il n’y a eu que… quoi ? Deux lettres ? Je croyais que c’était impossible ! Personne n’était censé avoir accès à la newsletter !

— En théorie. Marjorie est folle de rage. Je peux t’assurer que des têtes vont tomber. Littéralement, sans doute. Il y a plusieurs explications possibles : soit le journaliste du Tribune est un vampire, soit une entreprise humaine a réussi à pirater la newsletter et a revendu l’information à la presse.

— Alors… Qu’est-ce qui va se passer maintenant ?

— Heureusement, les lecteurs ne semblent pas prendre cette histoire au sérieux. L’éditeur a pensé à une blague, les lecteurs ont trouvé ça drôle… et les vampires ne bronchent pas.

— Si je comprends bien, seule une poignée de personnes sait qu’il s’agit vraiment d’une vraie lettre qui s’adresse à de vrais vampires ?

— Exactement. Et comme la réputation de Marjorie est remise en cause, elle remue ciel et terre pour trouver le coupable de la fuite. Je suis persuadé que des réponses ne tarderont pas à apparaître.

— Bien… Les choses pourraient être pires.

— Je préfère te prévenir : elles risquent de le devenir.

Je me laissai tomber sur le lit en grognant.

— Tu me punis pour cette histoire de « on se raconte tout », pas vrai ?

— Ma chérie, tu sais très bien que je ne vis que pour répondre à tes moindres attentes. Auparavant, je faisais tout mon possible pour te soulager de tes fonctions de souveraine. Aujourd’hui, j’ai compris que je ne faisais que refréner ton potentiel. Cette époque est révolue ! déclara-t-il alors que je gémissais d’horreur. Auparavant, je pensais que la discrétion était de mise…

— Tu racontes des bobards pour te foutre de ma gueule.

— Aujourd’hui, je pense que tout doit être exprimé clairement, à tout moment.

— Écoute, j’ai compris que tu n’avais pas de mauvaises intentions quand tu me cachais des choses. Tu ne peux pas t’en empêcher, c’est tout.

— Ah ! Mais à partir de maintenant, je m’en empêcherai.

— Je sais que tu aimes prouver ta valeur en faisant les choses pour moi.

Il renifla bruyamment.

— Je n’irais pas jusque-là…

— Ce n’est pas ta faute, c’est l’amûûûr !

— Suffit ! J’oubliais de te dire : Jon a pratiquement retranscrit l’intégralité de vos petits tête-à-tête.

— Je croyais que c’était comme un essai ?

— Apparemment, ça se transforme en livre, très chère. Environ trois cents pages au dernier compte.

— Ah oui ? Il t’en a parlé de lui-même ?

— Il est possible que j’aie demandé à Tina de pirater son smartphone, avoua-t-il.

— Génial ! Rien d’inhabituel, en somme.

— Avec la découverte de ta rubrique par le Tribune…

— Quel rapport ? Je croyais que tout le monde pensait que c’était une blague.

— Je me suis entretenu seul à seul avec Jon et je l’ai persuadé qu’il n’avait jamais écrit ce livre, qu’il n’en avait jamais eu l’idée et qu’il ne s’était jamais intéressé à l’histoire de ta vie.

— Oh ! mon Dieu !

— Puis, je l’ai effacé.

— Sinclair ! Oh ! merde… (Je me pris le visage entre les mains.) Je sens que ça va mal finir.

— Tu peux hurler. Je t’en prie.

Je tentai de contrôler mes émotions. Il a agi par amour. Un amour étrange et totalement à côté de la plaque, mais par amour quand même. Il essaie de te protéger. De façon étrange et totalement à côté de la plaque…

— Éric, ce que tu as fait est mal. Très mal même. Je crois qu’après ce que Jon a sacrifié pour nous, tu devrais annuler ton tour de passe-passe.

— Mais je me suis vraiment appliqué, m’expliqua-t-il patiemment, comme si je n’avais pas bien saisi ce qu’il avait fait. Pour qu’il oublie tout.

— Et maintenant, tu vas faire en sorte qu’il se souvienne ! Il risque de rater son année de fac à cause de ça. Tu tiens vraiment à le voir déprimer comme une loque dans la maison parce qu’il a eu un zéro en bio, ou peu importe comme s’appelle cette matière ? Et puis, j’ai accepté qu’il le fasse. Donc si tu utilises tes manières sournoises pour tout annuler, ça donne une mauvaise image de moi. Très mauvaise même.

Il me dévisagea un instant.

— Je dois admettre, dit-il enfin, que je n’avais pas vu les choses de cette façon. Ton autorité ne devrait pas être remise en cause. Même par moi.

« Surtout par toi ! », faillis-je répliquer, mais cette conversation attendrait.

— Tu veux bien tout remettre dans l’ordre ?

— Je vais essayer, répondit-il. Pour rester dans l’esprit des révélations, je dois t’avouer que j’ignore si ça va fonctionner. Je n’ai jamais essayé d’annuler l’effet de mes tours de passe-passe, comme tu les appelles.

— Quoi ? Tu n’as jamais fait une seule erreur dans ta vie ?

Il sourit.

— Si, mais personne n’a jamais pris la peine de me demander de les rectifier. Personne n’a jamais osé.

— Je comprends mieux pourquoi tu as mauvais caractère.

— C’est peut-être lié, admit-il en me prenant dans ses bras.

Je me débrouillai pour me retrouver à califourchon sur lui.

— Je ne sais pas toi, mais je ne me suis pas nourrie depuis des jours.

— Tu étais occupée, fit-il avant de grogner car j’avais trouvé – et ouvert – sa braguette. Je dois avouer que je ne pensais pas que j’apprécierais cette règle de transparence totale que tu as instaurée… ah… surtout ne t’arrête pas…

— Tu me fais rire, rétorquai-je.

— C’est un ordre de ton roi !

— Arrête ! Je rigole tellement que je vais rouler sous la table, me moquai-je en me laissant glisser par terre, tout en tirant son pantalon avec moi.

Je lui retirai également ses chaussettes. Puis, à bout de patience, je lui arrachai son boxer jusqu’à ce qu’il n’en reste que des lambeaux de coton. Alors, je pris son sexe d’une main ferme et le repoussai sur le côté pour mordre dans son artère fémorale.

Aussitôt, je sentis ses mains plonger dans ma chevelure, les poings serrés suffisamment fort pour me faire presque mal. Presque. Il était très doué pour ce genre de choses. Il savait parfaitement comment frôler les bornes sans les dépasser. Je tentai de ne pas penser aux années d’entraînement qui l’avaient amené à ce résultat.

Son sang frais et salé se déversait dans ma bouche à un rythme presque trop soutenu. Pour la première fois depuis des jours, la soif ne me tiraillait plus de façon malsaine. Tandis que je buvais directement à la source, je sentis son sexe se contracter dans ma main… Je le sentis se laisser aller, littéralement sans défense dans ma main, pour me laisser contrôler la situation. Il se répandit sur les draps.

Je t’aime. Je t’aime. Je t’aime.

De quoi me faire oublier la pire semaine de tous les temps.

Vampire et Irrécuperable
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